Pierre Siebold, paradis en fer | Du 25.07.15 au 06.09.15

Pierre Siebold avait fait sien le feu des enfers pour dresser un paradis, bâtir des arches et rassembler humains, animaux et mythes fondateurs. Il a ainsi préservé du commun tout ce qui compose nos vies et nos rêves.

Mais avant de torturer le fer, c’est le temps de la ligne. Tendue, elle révèle la présence du motif par les vides et les interstices à découper. Retirer le superflu pour faire naître une silhouette et attraper le vent. Si la tôle des sujets semble rouillée en apparence, il n’en est rien car le matériau est noble : de l’acier corten qui se protège de l’érosion par une peau de métal bruni. 

Pour Siebold, peu importe la dimension de l’œuvre. Petite ou grande, il les compose avec force. La tôle pliée, découpée, soudée et martelée résonne dans l’atelier et dans nos têtes encore. Mais le travail silencieux de la fonte est tout aussi exigeant : les petits plombs prennent vie de manière ludique et magistrale, bien que réussir un petit format soit souvent le plus difficile. 

La chouette, interprétée par Siebold, symbolise l’éveil de nos consciences. Les animaux d’Afrique deviennent éternels dans le métal. Mais qu’en est-il de ceux que l’on braconne la nuit dans les réserves ? Les Massaï, gardiens éternels de la nature, veillent en majesté. 

Un berger tient l’agneau dans ses bras. Rappelons-nous de ce même sujet placé par Picasso sur la place de Vallauris ! Mais le personnage de Siebold est surdimensionné, bien plus grand que nature. Ce qui n’est pas le cas de l’agneau innocent serré sur le cœur du berger. Serait-ce que les humains doivent être forts pour conserver leur dignité ? 

L’œuvre de Pierre Siebold nous propose d’aller au-delà de la splendeur des formes. Les personnages de son paradis en fer nous incitent à réfléchir sur notre propre condition. 

Olivier Delhoume Juillet 2015